L’enseignement supérieur est en pleine transformation. L’approche par compétences (APC), en recentrant la pédagogie sur le développement de compétences complexes et transversales, redéfinit les pratiques éducatives. Dans ce contexte, l’évaluation par les pairs émerge comme un levier puissant pour favoriser l’apprentissage, l’engagement et l’autonomie des apprenants. Cet article explore comment cette méthode enrichit l’APC, en s’appuyant sur des échanges lors d’un webinaire organisé par ChallengeMe avec Skema, Centrale Supélec et l’Université de Montpellier.
Face aux mutations des métiers et aux défis sociétaux, l’enseignement supérieur ne peut se contenter d’évaluer des savoirs isolés. L’APC propose une vision globale et intégrée des apprentissages, en mettant l’accent sur la capacité des étudiants à mobiliser des compétences dans des situations complexes.
Comme l’explique Éric Girardin, directeur du volet enseignement supérieur et recherche dans le programme national France 2030, « L’APC est une démarche de conception des formations qui repose sur le développement des compétences des apprenants. Cela implique un ancrage dans le réel et une progression vers un potentiel d’adaptation à des situations complexes ». Les compétences ne se limitent pas aux savoir-faire, mais incluent des postures, des savoirs comportementaux et une dimension éthique, en phase avec les attentes des employeurs et de la société.
Cependant, pour que l’APC soit pleinement efficace, elle doit s’accompagner de pratiques évaluatives adaptées. C’est ici que l’évaluation par les pairs prend tout son sens.
L’évaluation par les pairs repose sur l’idée que les étudiants peuvent s’évaluer mutuellement, sous l’encadrement et la supervision de l’enseignant. Ce dispositif présente plusieurs avantages clés :
Dominique, ingénieure pédagogique à l’Université de Montpellier, met en avant l’importance des niveaux cognitifs mobilisés par l’évaluation par les pairs : « Quand un étudiant est capable d’évaluer un autre, il atteint un niveau cognitif très élevé, ce qui enrichit son propre processus d’apprentissage. »
L’évaluation par les pairs offre des avantages significatifs dans le cadre de l’approche par compétences :
L’Université de Montpellier a mis en place le projet PAIRSEVAL, un dispositif visant à intégrer l’évaluation par les pairs dans l’APC. Ce projet repose sur des outils tels que Moodle et ChallengeMe, permettant aux enseignants de proposer des activités d’évaluation collaborative tout en s’assurant de leur alignement pédagogique.
L’une des réussites majeures de PAIRSEVAL est la qualité des feedbacks produits par les étudiants, qui reflètent une compréhension approfondie des critères d’évaluation. Selon Dominique Guillaume, « L’outil a permis d’encourager les apprenants à devenir acteurs de leur formation, en prenant conscience de leurs forces et axes d’amélioration. »
Cependant, ce type de dispositif n’est pas sans défis. L’acceptation par les enseignants et les étudiants, ainsi que la formation à l’utilisation des outils numériques, sont des étapes cruciales pour garantir le succès.
L’évaluation par les pairs prépare les étudiants à des situations réelles du monde du travail. En recevant et en fournissant des feedbacks, ils développent des compétences transversales telles que la résolution de problèmes, l’adaptabilité et la collaboration.
Aurélie, ingénieure pédagogique à Centrale Supélec, souligne : « Les compétences acquises à travers ce type de dispositifs ne se limitent pas à l’obtention du diplôme. Elles constituent un atout majeur pour l’évolution professionnelle des apprenants, qui deviennent capables de s’adapter à des contextes variés. »
En outre, les portfolios numériques permettent aux étudiants de conserver des traces de leurs apprentissages, qu’ils peuvent valoriser lors d’entretiens professionnels.
L’évaluation par les pairs est bien plus qu’un outil d’évaluation. C’est un mécanisme qui engage les apprenants dans une démarche active, réflexive et collaborative, essentielle pour répondre aux exigences de l’APC.
Les expériences menées par des établissements comme l’Université de Montpellier ou Centrale Supélec montrent que, malgré les défis, cette méthode constitue une voie prometteuse pour l’avenir de l’enseignement supérieur. En renforçant les compétences des étudiants et en facilitant leur insertion professionnelle, elle contribue à construire des parcours d’apprentissage enrichissants et durables.
Les perspectives offertes par les outils numériques et l’intelligence artificielle promettent encore d’élargir les possibilités de cette approche. Une évolution passionnante que les acteurs de l’enseignement supérieur ont tout intérêt à explorer.