Évaluer les compétences : de la complexité à l’opportunité pédagogique

Introduction : Un enjeu central pour l’enseignement supérieur

Dans le contexte actuel de transformation pédagogique, l’approche par compétences s’impose progressivement dans l’enseignement supérieur. Mais évaluer les compétences demeure un défi majeur : comment certifier le développement réel des étudiants tout en favorisant leur apprentissage ? Lors d’une récente intervention, la professeure Christelle Lison (voir la vidéo de la conférence pour aller plus loin) a rappelé que l’évaluation est l’une des activités les plus complexes du métier d’enseignant : « l’évaluation reste toujours un espace de subjectivité, mais notre rôle est de chercher à l’objectiver le plus possible ». Plus qu’une simple note, elle constitue un véritable processus qui doit être pensé comme un levier de progression.

Cet article revient sur les idées fortes de cette conférence et les met en perspective avec les solutions numériques, notamment ChallengeMe, qui ouvrent de nouvelles voies pour l’évaluation par les pairs et le feedback.

 

L’évaluation des compétences : de quoi parle-t-on vraiment ?

Évaluer des compétences, ce n’est pas évaluer une personne ni un cours : c’est évaluer une production dans une logique de développement. Pourtant, les étudiants perçoivent souvent l’évaluation comme un jugement personnel. D’où l’importance d’objectiver au maximum les pratiques, tout en reconnaissant qu’une part de subjectivité subsistera toujours.

Christelle Lison insiste : « nous n’évaluons pas un étudiant, nous évaluons des apprentissages ». Concrètement, cela signifie qu’il ne s’agit pas seulement de vérifier des connaissances ponctuelles, mais de certifier un parcours global de développement. Savoir établir une relation avec un patient, animer un projet collectif ou gérer une équipe ne se réduit pas à cocher une case : il s’agit de mobiliser des savoirs, savoir-faire et savoir-être dans des situations complexes.

 

Penser l’évaluation comme un processus collectif et structuré

L’évaluation ne se réduit pas à une note finale : c’est un processus complet, allant de la collecte de données à la décision (réussite, échec, progression). Pour être cohérente, elle doit être planifiée dès la conception de l’enseignement et intégrée dans l’alignement pédagogique : cibles → activités → évaluations → outils.

Un point essentiel souligné par Christelle Lison : « une compétence n’appartient jamais à une seule unité d’enseignement, elle est toujours collective ». Cela implique que la validation des compétences ne peut être assurée par un seul enseignant. Par exemple, dans une école d’ingénieurs, la compétence « concevoir une solution technique » peut être développée et évaluée à travers un projet en génie, une SAE en mathématiques appliquées et un stage en entreprise.

Cette logique de co-responsabilité suppose aussi d’accepter que tout ne soit pas évalué partout et tout le temps, mais que chaque enseignant contribue à un portrait global de progression.

 

Diversité des formes et fonctions de l’évaluation

L’évaluation des compétences n’est pas monolithique : elle répond à différentes fonctions selon le moment et l’objectif poursuivi. Christelle Lison distingue quatre grandes catégories :

  • L’évaluation diagnostique : « elle permet de savoir où en est l’étudiant au départ ». Typiquement, cela peut être un quiz en début de semestre pour identifier les connaissances antérieures, ou une activité brève visant à situer le niveau du groupe. Exemple : en sciences, un test de prérequis aide à cibler les notions à réactiver.

  • L’évaluation formative : « c’est une évaluation pour apprendre ». Ici, l’objectif n’est pas de noter mais d’accompagner. Un feedback intermédiaire permet à l’étudiant de se repositionner. Exemple : une présentation « blanche » d’un projet où l’enseignant et les pairs donnent des retours constructifs, permettant une amélioration significative du livrable final.

  • L’évaluation sommative : « c’est celle qui va peser dans la note ». Elle peut prendre la forme d’un examen écrit, d’un rapport final ou d’une soutenance. Elle sanctionne une étape franchie mais ne doit pas être confondue avec l’ensemble du processus évaluatif.

  • L’évaluation certificative : « c’est l’évaluation de passage obligé ». Si l’étudiant échoue, il ne peut poursuivre son parcours. C’est souvent le cas des stages ou mémoires professionnels. Par exemple, un stage infirmier doit impérativement valider des compétences clés pour autoriser la suite de la formation.

Ce panorama montre que l’évaluation n’est pas un événement ponctuel mais une trajectoire de progression. Dans les programmes en approche par compétences, on retrouve fréquemment les SAE (Situations d’Apprentissage et d’Évaluation), où les étudiants sont placés dans des contextes authentiques : projets collectifs, simulations professionnelles, portfolios ou articles de vulgarisation scientifique. Ces dispositifs permettent de produire des traces d’apprentissage plus riches et de mieux attester du développement des compétences.

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Entre objectivité et authenticité : le dilemme des outils

Évaluer des compétences exige un équilibre entre :

  • des outils objectifs et décontextualisés (ex. QCM), plus faciles à administrer mais centrés sur des apprentissages de surface ;

  • des outils authentiques et contextualisés (ex. simulation, projet collectif, portfolio), plus proches du réel mais intégrant une part de subjectivité.

Christelle Lison rappelle : « plus l’évaluation est contextualisée, plus elle correspond à une approche par compétences ». Par exemple, un QCM peut vérifier une connaissance théorique, mais seule une mise en situation (comme un entretien simulé en langue étrangère) permet d’observer la mobilisation réelle des savoirs. La solution réside dans une combinaison d’outils.

À l’Université de Sherbrooke, des SAE interdisciplinaires réunissent enseignants de droit, biologie et sciences politiques pour évaluer conjointement un projet en environnement. Chaque enseignant apporte son regard, garantissant à la fois rigueur disciplinaire et cohérence globale.


L’évaluation comme levier de progression

L’évaluation ne doit pas être perçue comme un couperet, mais comme un moteur d’apprentissage. L’idée de progression est clé : une même SAE peut être proposée à différents moments du parcours, avec des attendus croissants. Ainsi, les étudiants passent d’une production simple (ex. analyse de cas) à des réalisations plus complexes (ex. projet complet ou stage).

Le feedback joue ici un rôle essentiel. Dans certains programmes, une évaluation intermédiaire permet aux étudiants de corriger le tir avant la remise finale. Des enseignants de génie ont par exemple constaté qu’une présentation orale « test » transformait la qualité des livrables finaux grâce à la rétroaction.

Cette approche rejoint le principe d’évaluation par les pairs : en évaluant les travaux de leurs collègues, les étudiants développent leur esprit critique, comprennent mieux les critères et s’entraînent à recevoir et donner du feedback constructif.


ChallengeMe : un outil au service de cette vision

La solution ChallengeMe propose des formats d’évaluation par les pairs et de feedback structuré qui s’alignent parfaitement avec les principes évoqués par Christelle Lison :

  • Évaluation intra-groupe : identifier les étudiants peu impliqués et responsabiliser chacun dans les projets collectifs.

  • Feedback sur des travaux : les étudiants déposent leurs productions, évaluent celles des autres et reçoivent une diversité de retours.

  • Évaluation de présentations orales : maintenir l’attention, susciter des discussions collectives et améliorer les prestations.

  • Co-évaluation : croiser les regards entre pairs, enseignants et professionnels pour renforcer la pertinence et la préparation au monde professionnel.

  • Évaluation de la qualité des feedbacks reçus : développer l’esprit critique en incitant à formuler des retours constructifs.

  • Auto-évaluation : permettre à l’étudiant de porter un regard réflexif sur ses propres productions, de comparer son auto-appréciation avec celle de ses pairs et enseignants, et ainsi renforcer sa capacité d’auto-régulation de l’apprentissage.

Intégré aux LMS (Moodle, Blackboard, Brightspace…), ChallengeMe simplifie la gestion des critères, la génération de notes, l’analyse des écarts ou encore les relances automatiques. Il devient un facilitateur de pratiques pédagogiques innovantes, permettant de mettre en place une évaluation formatrice sans surcharger les enseignants.


Conclusion : Vers une évaluation plus juste, collective et apprenante

Évaluer les compétences reste une tâche complexe, mais elle peut devenir une formidable opportunité pédagogique. En la pensant comme un processus collectif, structuré et orienté vers la progression, les enseignants transforment l’évaluation en levier d’apprentissage.

Avec des approches comme celles défendues par Christelle Lison et des outils tels que ChallengeMe, l’enseignement supérieur dispose aujourd’hui de moyens concrets pour :

  • dépasser la simple logique de notation,

  • renforcer l’engagement étudiant,

  • préparer les diplômés aux réalités professionnelles.

En somme, évaluer autrement, c’est aussi enseigner autrement.

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