Simplifier l’approche par compétences avec Jacques Tardif

La transition vers l’approche par compétences (APC) suscite à la fois enthousiasme et appréhensions dans l’enseignement supérieur. Pour en discuter, nous avons eu le plaisir d’organiser un webinaire exceptionnel avec Jacques Tardif, psychologue de l’éducation et expert reconnu internationalement. Plus de 550 inscrits et près de 300 participants en direct : la preuve que ce sujet est au cœur des préoccupations des établissements et des enseignants.

Au fil de nos échanges, nous avons exploré les clés de mise en œuvre de l’APC, les écueils à éviter, et surtout le rôle croissant du feedback, de l’évaluation par les pairs et de l’intelligence artificielle dans ce nouveau paradigme pédagogique.

Clarifier ce qu’est une compétence

L’un des premiers constats partagés par Jacques Tardif est la confusion persistante autour du terme compétence. Trop souvent réduite à une liste de savoirs ou de capacités, la compétence doit être comprise comme un savoir-agir complexe, qui mobilise et combine des ressources internes (connaissances, expériences, attitudes) et externes (outils, données, technologies).

👉 Pour mieux comprendre, Jacques a partagé des exemples concrets de ce qui constitue — ou non — une compétence :

  • Est une compétence : Établir un diagnostic infirmier. Cela implique un raisonnement clinique complet avec des étapes précises (collecte de données, analyse, formulation d’hypothèses, validation). C’est un savoir-agir complexe, mobilisant plusieurs ressources.

  • N’est pas une compétence : Connaître les bases de l’anatomie humaine. Ici, on parle d’une ressource (un savoir), mais pas d’un savoir-agir.

  • N’est pas une compétence : Avoir la capacité à communiquer avec un public non spécialiste. Formulé ainsi, c’est trop vague et relève davantage d’une posture que d’un savoir-agir observable.

Ces exemples illustrent la nécessité de penser la compétence comme un processus global et intégré, et non comme une simple liste de connaissances ou de capacités isolées.

Éviter la fragmentation en sous-compétences

L’une des dérives souvent observées est la multiplication des « sous-compétences ». Résultat : un référentiel initial de 10 compétences peut rapidement se transformer en une liste indigeste de 80 éléments… rendant la formation illisible et contre-productive.

👉 Exemples concrets évoqués par Jacques :

  • Mauvais exemple : un référentiel qui décline « Évaluer une situation clinique et établir un diagnostic infirmier » en 8 sous-compétences distinctes (observer, analyser, poser des hypothèses, etc.). On perd ici la vision d’ensemble : ce ne sont pas des compétences séparées, mais des étapes d’un même savoir-agir.

  • Bon exemple : garder la compétence globale « Établir un diagnostic infirmier » et définir des étapes de développement (novice, intermédiaire, compétent, expert). Cette approche permet de suivre la progression sans diluer le sens de la compétence.

Jacques Tardif recommande donc de préserver un nombre limité de compétences claires et globales (une dizaine dans un référentiel par exemple), afin de garder le cap sur l’essentiel et d’éviter de perdre les étudiants comme les enseignants dans une sur-détailisation. Chaque compétence doit être envisagée comme un parcours évolutif, et non comme une addition de sous-unités.

Construire avec des situations authentiques

Un point d’ancrage essentiel est de partir de situations authentiques. Plutôt que de didactiser des contenus abstraits, il s’agit d’ancrer les apprentissages dans des contextes réels ou réalistes : études de cas, simulations, projets collectifs.

Dans le webinaire, Jacques Tardif a insisté sur l’importance de contextualiser l’apprentissage : un apprentissage déconnecté de la réalité perd en signification et en durabilité. Il a rappelé que les situations authentiques doivent être suffisamment complexes pour mobiliser plusieurs compétences à la fois, tout en permettant aux étudiants de voir le lien entre leurs acquis et leur future pratique professionnelle.

👉 Exemple évoqué avec ChallengeMe : à l’Université de Montpellier, des étudiants en biologie ont travaillé sur un projet collectif incluant autoévaluation, évaluation par les pairs et validation finale par l’enseignant. Ce dispositif illustre bien le fonctionnement d’une équipe dans un contexte professionnel, où coopération, feedback et validation hiérarchique s’articulent naturellement.

Les situations authentiques permettent ainsi aux étudiants de donner du sens à leurs apprentissages, de développer des savoir-agir complexes et de s’engager activement dans leur parcours de formation.

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Soutenir la réflexivité des étudiants avec nos agents IA des étudiants avec nos agents IA

L’APC implique que l’étudiant devienne acteur de ses apprentissages. La réflexivité – c’est-à-dire la capacité à expliciter les ressources mobilisées, à analyser ses choix et à évaluer sa progression – joue un rôle central.

👉 Ici, l’évaluation par les pairs est un levier puissant : donner et recevoir un feedback oblige à structurer sa pensée, à argumenter et à développer son esprit critique.

Avec ChallengeMe, nous allons plus loin grâce à nos agents IA intégrés :

  • Agent Feedback : il guide l’étudiant pour formuler un retour constructif et équilibré, même lorsqu’il manque d’expérience.

  • Agent Réflexivité : il aide à expliciter les ressources mobilisées dans un travail et à analyser ses choix.

  • Agent Suivi : il accompagne les étudiants tout au long de leur parcours, en proposant des pistes d’amélioration personnalisées.

Ces agents ne remplacent pas l’enseignant : ils offrent un soutien immédiat et contextualisé qui permet aux étudiants de progresser plus vite et de renforcer leur autonomie. Ils facilitent aussi le travail des enseignants en préparant un terrain de réflexion plus riche lors des restitutions.

L’IA comme ressource et objet de réflexivité

Un fil rouge du webinaire : l’intelligence artificielle. Loin d’être perçue comme une menace, elle est un formidable levier pédagogique. Jacques Tardif a partagé un exemple en sociologie : demander aux étudiants d’analyser un phénomène de gentrification tout en explicitant quelles contributions l’IA a apportées à leur raisonnement, quelles ressources internes et externes ont été combinées, et ce qui relève de leur propre analyse.

Conclusion et perspectives

Ce webinaire a confirmé que l’APC n’est ni une « usine à gaz », ni une lubie pédagogique : c’est une approche structurante, qui permet de donner du sens aux apprentissages, de mieux préparer les étudiants à leur vie professionnelle et citoyenne, et d’intégrer les outils d’aujourd’hui comme l’IA.

Pour réussir, il est essentiel de :

  • clarifier la notion de compétence,

  • préserver un nombre limité de compétences globales et lisibles,

  • penser en parcours et en étapes de développement,

  • ancrer les apprentissages dans des situations authentiques,

  • développer la réflexivité des étudiants avec l’aide d’agents IA,

  • utiliser les nouvelles technologies comme leviers, et non comme substituts.

👉 Vous souhaitez approfondir ces échanges et découvrir des exemples concrets partagés par Jacques Tardif ?
🎥 Regardez le replay complet du webinaire ici

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